LA CATHODOLUMINESCENCE

 

I Principe.

Lorsqu’un faisceau d’électrons d’énergie importante (quelques keV à une vingtaine de keV) bombarde la surface de certains matériaux, une radiation lumineuse est émise dans le visible et le proche visible. Ce phénomène est appelé la cathodoluminescence (CL) et peut être du au réseau cristallin lui-même (luminescence intrinsèque) ou aux impuretés contenues dans ce réseau (luminescence extrinsèque).

La longueur d’onde et l’intensité de l’émission de cathodoluminescence caractérisent généralement les minéraux bombardés.
 
 

Principe physique de la cathodoluminescence faisant intervenir la notion de bande de valence (BV), bande interdite (BI) et bande de conduction (BC).

a. Ionisation d’un atome sans intervention d’un centre piège.

b. Capture de l’électron par l’impureté (I+).

c. Excitation en (I+)*.

d. Désexcitation radiative.

e. Recapture de l’électron dans la bande de valence. Il n’y a pas forcément ionisation, l’électron peut directement être capturé par l’impureté.

II- Appareillage utilisé

1°) pour l’imagerie de CL.

L’appareillage utilisé au C.R.P.A.A. comprend une chambre d’observation, un canon à électron et un luminoscope (Nuclide Corporation, USA).

Le luminoscope permet différents réglages tels que les valeurs de la tension d’accélération et de l’intensité du faisceau électronique ainsi que sa focalisation. Dans la chambre d’observation qui reçoit l’échantillon, est réalisé un vide primaire d’environ 50 mTorr. Le canon fournit des électrons à partir d’une cathode froide en acier. Deux aimants permettent de défléchir le faisceau d’électrons qui bombarde l’échantillon provoquant le phénomène de cathodoluminescence. Une fenêtre de verre au plomb de diamètre 5cm permet l’observation directe de la luminescence de l’échantillon.

L’enregistrement des émissions de luminescence se fait à l’aide d’une caméra haute définition 3CCD (Sony DXC-930P) couplée à une loupe binoculaire (Wild Heerbrugg MSA) pour étudier des lames épaisses des échantillons ou à un microscope optique (Leitz SM-LUX-POL) pour étudier des lames minces (30 mm).

Le système d’acquisition d’image comprend en plus de la caméra 3CCD, un module de mémoire, une unité de stockage et une imprimante à sublimation thermique.
 

2°) pour l’analyse spectrale de la CL.

Au laboratoire sont menées deux types d’expériences en spectroscopie de CL : la CL couplée au MEB et la CL à l’échelle centimétrique. La différence majeure entre ces deux types d’expériences réside dans l’étendue de la surface bombardée, qui est généralement de l’ordre de 200 mm x 300 m m pour la CL couplée au MEB et d’environ

0,5cm x 1 cm pour la CL à l’échelle centimétrique.
 

La CL couplée au MEB est réalisée à partir d’un Microscope Electronique à Balayage (MEB Jeol 820SM). Les émissions de luminescence collectées à l’aide d’un miroir ellipsoïdal rétractable (Oxford Instruments) équipant la chambre d’analyse sont renvoyées vers deux chaînes différentes de détection du signal par l’intermédiaire d’une fibre optique :

La CL à l’échelle centimétrique est réalisée à l’aide d’une chambre de type Nuclide réalisée au C.R.P.A.A.. Le signal lumineux, récupéré par un système collecteur comprenant un système de focalisation, est envoyé via une fibre optique vers deux chaînes de détection du signal :


III- Exemples.

Pour l’étude du matériel céramique, la cathodoluminescence permet d’identifier la nature des cristaux présents (par leur couleur de luminescence voir tableau ci-dessous), d’enregistrer des cartes de répartition des différents minéraux et de caractériser les pâtes céramiques.

On réalise pour cela des lames épaisses de céramiques, inclues dans de la résine et observées en lumière naturelle et en cathodoluminescence à l’aide d’une loupe binoculaire.

Cristal
Couleur de luminescence
Quartz
Mauve
Feldspath potassique
Bleu brillant
Feldspath plagioclase : albite
Rosé
Feldspath plagioclase : anorthite
Vert-jaune
Carbonates : calcite
Orange
Carbonates : dolomite
Rouge
Minéraux lourds : zircon
Jaune brillant
Minéraux lourds : apatite
Jaune orangé

La cathodoluminescence peut également fournir des informations intéressantes pour étudier l’altération physico-chimique de certaines roches. Par exemple, des granites ayant subis une altération météorique sont étudiés à partir de lames minces de 30 mm observées en lumière naturelle, en lumière polarisée et en cathodoluminescence à l’aide d’un microscope optique. L’état d’altération des feldspaths potassiques et plagioclases peut être appréhendé à partir des images obtenues en cathodoluminescence.

Mathieu Duttine.